American Dream : Le Marathon de Miami !
- Christophe
- 3 févr. 2019
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 déc. 2021
L’idée de participer au Fitbit Marathon de Miami me trottait dans la tête depuis déjà trois ans mais la proximité du rendez-vous américain avec la Diagonale des Fous ne collait pas. L’UTMB étant plus tôt en saison, cela me laissait le temps de récupérer et de me projeter sur cette autre course de rêve avec à la clef un résultat inespéré !

Côté préparation, hormis le fait que j’ai le don de préparer des épreuves météorologiquement opposées à la saison tout s’est bien passé. Certes j’aurai aimé faire de plus longues sorties sur bitume mais j’ai préféré épargner mes genoux qui m’avaient donné quelques signes de fatigue. Côté objectif, je pensais pouvoir faire un top 100, voir 50 ; par contre, côté chrono je n’avais pas trop de repères car ce n’est pas du tout un marathon rapide.
Jeudi 24 janvier, décollage direction Miami où nous atterrissons sous la pluie. Notre appart est vraiment sympa et se trouve dans le quartier d’affaires de Brickell, à moins d’un km de l’American Airlines Arena (temple des Miami Heat) et de Bayfront Park, où se trouvent respectivement le départ et l’arrivée du Marathon. Il y a plus fun comme secteur mais le rapport qualité/prix est top. Confort, espace et vue imprenable. Le plus dur c’est de trouver de la nourriture sportivement compatible avec l’endurance car, aux states, c’est soit très fat, soit protéines à gogo, soit probiotiques ; heureusement que j’avais pris quelques basiques dans les valises et que Whoole Food Market me sauvera la mise côté nutrition !

Vendredi 25 janvier, Nous en profitons pour visiter les Everglades en Airboat. L’excursion est vraiment sympa et la faune ne manque pas à l’image des nombreux alligators et oiseaux que nous trouvons sur notre parcours. La mauvaise nouvelle c’est que le petit rhume que je mets sur le dos des climatiseurs et des transports en commun se transforme en angine.
L’après-midi, direction Mana Expo pour le retrait des dossards. L’organisation a mis en place des navettes gratuites dans les bus scolaires qui sont tous identiques et vraiment «Old School ». Sur le parcours, nous découvrons une multitude d’œuvres de Street Art toutes aussi sublimes les unes que les autres. Des excursionnistes proposent d’ailleurs un « Banksy Tour » à la découverte des œuvres urbaines de l’artiste.
Le hall d’expo est sympa avec de nombreux équipementiers, ce n’est pas aussi grand que le Salon du Running à Paris mais c’est fun et très convivial. Je récupère le fameux dossard et j’en profite pour faire valider mon accès au sas B (référence sub 3h). Jules est à son aise et se fait interpeller par des G.I. qui lui remettent un cadeau souvenir et prennent la pause avec lui, tout heureux.

Samedi 26 janvier, Malgré la fatigue du jetlag de 6h, la nuit a été catastrophique. Je me suis réveillé fiévreux en pleine nuit avec à peine trois heures de sommeil au compteur. Je ne pourrai raisonnablement pas prendre le départ si cet état persiste. En grand spécialiste des douleurs psychosomatiques je ne m’étais pas trop inquiété la veille mais là c’est un autre registre. Je me ménage au maximum à l’exception d’une balade à Bayside et j’essaie de soulager ma gorge tant bien que mal. J’essaie de relativiser en me disant que depuis cinq ans, ce serait mon premier forfait mais je n’arrive pas à m’y résoudre.
Dimanche 27 janvier, 3h15 du matin et contre toute attente, la nuit a été excellente ce qui ne m’arrive d’ailleurs jamais avant une course. Je n’ai plus de fièvre même si j’ai encore mal à la gorge. Un petit dej de guerrier et quelques boissons chaudes pour adoucir tout ça plus tard, me voilà prêt à rejoindre la ligne. Pour les spécialistes, j’ai pris le départ avec des Adidas Boston, un short basic Kalenji, un débardeur de trail Raidlight super pratique (5 poches) et mes lunettes Julbo Aerolite 0/3 que j’ai gardé toute la course, de nuit, sous la pluie ou sous le soleil, tellement elles se font oublier. Côté matos, ce minimalisme change de l’ultra !
Je ne sais pas du tout si ça va passer physiquement mais je ne suis pas stressé, probablement rassuré d’être en état de prendre le départ. Je suis positif mais n’exclue rien, n’y même de ne faire que le semi dans la mesure où les marathoniens ont la possibilité de passer sur le 21 durant la course. Je checke la météo qui annonce pluie et orages... Bizarrement, ça ne me dérange pas le moins du monde.

Il est 5h du mat locales, tout le quartier est en effervescence et converge vers le départ. Des trombes d’eau sont tombées durant la nuit et il reste une fine pluie conjuguée à un fort vent.
Le sas B est au pied de l’American Airlines Arena qui est d’ailleurs ouverte aux coureurs pour les commodités. J’embrasse Elise et Jules qui ont eu le courage de m’accompagner et je file.
L’ambiance est extra, nous sommes environ 18 000 (15000 sur semi, 3000 sur marathon) répartis dans les 10 sas. La bannière américaine flotte fièrement au-dessus de la ligne. Les athlètes handicapés en « wheelchairs » sont les premiers à s’élancer. Pour ma part, j’ai trouvé une place sympa à cinq mètres du départ.
Le départ est donné et après quelques foulées nous trouvons une belle pente au début de Mc Arthur Causeway, un pont de 4km qui nous amène à Miami Beach. Un énorme paquebot de croisière (sponsor de l’évent) vient nous saluer à coups de corne de brume. Magique.
Côté sensations, ce n’est pas trop mal même si la moiteur de l’atmosphère pèse. Le vent fort m’incite à chercher des abris derrière des coureurs. L’exercice n’est pas facile car il faut parfois accélérer un peu pour conserver l’abri au risque de se brûler les ailes et la plupart sont plus petits que moi. Après être passé devant Star Island (5ekm, 20mn06), je profite de la lueur d’un réverbère pour surveiller mon « pace » à la montre et je me rends compte que je suis sur un tempo rapide malgré les conditions. La bonne nouvelle c’est que, comme prévu, il y a un ravitaillement tous les 2.5km ; la mauvaise c’est qu’il n’y a que du liquide ! Heureusement que pour assurer le coup j’ai embarqué deux barres solides.

Il fait toujours nuit quand je passe sur la mythique route d’Ocean Drive (7e km) qui vivait au rythme de la fête quelques instants plus tôt. Côté course, les écarts se creusent entre les coureurs.
La « promenade » dans Miami Beach se termine mais le spectacle que m’offre la Venetian Way (15e km) est tout aussi sublime. Alors que le jour se lève, le ciel est rose et un vol de paisibles pélicans passe au-dessus de moi.
J’ai plutôt tendance à gagner quelques places alors que j’entends un fort bruit de pas me rattraper et me doubler. C’est un coureur qui ne courre que sur l’avant du pied. C’est hallucinant, ses talons ne touchent même pas le sol et pourtant il cavale.
A notre arrivée dans Downtown (18e km) nous découvrons une magnifique fresque murale avant d’entamer une portion ventée de 5km au milieu des tours. Peu avant le 21e km, une coureuse avec un dossard du marathon me laisse sur place. Mon égo macho est d’abord piqué au vif puis rassuré quand je me vois qu’elle bifurque vers l’arrivée du semi.
Un peu plus loin, Elise et Jules m’encouragent du bord de la route.
Je fais quelques hectomètres avec Karl Hebert, un coureur canadien très sympa qui m’a rattrapé. Karl me parle mais je ne peux répondre qu’à minima vu son rythme plus rapide.
J’en rêvais depuis le départ, je trouve le premier ravitaillement avec du solide et en l’occurrence de la banane au 22e km ! J’en avale un morceau et j’en glisse un autre dans les poches de mon maillot.

C’est maintenant que le marathon va vraiment commencer et il faut retarder l’arrivée du mur. Le vent baisse d’un cran, par contre, le soleil fait son apparition et la chaleur commence à se faire sentir. 29e km, nous entrons dans Coconut Groove, c’est super joli mais les jambes commencent à tirer. A partir du 32e km, je perds une dizaine de secondes au kilomètres ce qui n’a rien de dramatique. Deux coureurs me doublent, j’essaie d’accrocher mais ça va trop vite. Sur le coup ça m’inquiète mais l’écart avec ceux qui me précèdent et ceux qui me suivent ne varie pas. Me voilà rassuré, il reste cinq kilomètres. Il faut serrer les dents jusque l’arrivée pour assurer un nouveau Sub 3h, ce qui ici me comblerait totalement. Les trois dernières lignes droites sont interminables mais ça tient. Je me repère grâce aux tours géantes. La foule se densifie et les encouragements viennent de partout. Ça y est ; j’arrive sur Bayfront Park. L’ambiance est juste dingue car nous sommes proches des tribunes où se trouvent des milliers de supporters déchaînés. L’émotion est toute aussi fabuleuse qu’indescriptible entre le bonheur et le soulagement. Je coupe finalement la ligne après 2h57mn07 d’effort avant de recevoir cette magnifique médaille de finisher réalisée par Rigo Leon un artiste cubain qui réside à Miami.

A cet instant, je n’avais aucune idée de mon classement, la bonne surprise viendra quelques minutes plus tard lorsque j’apprends que j’ai coupé la ligne en 18e position (/2819 arrivants), 1er de mon groupe d’âge 40-44 (/329 arrivants), 4e master (/996 arrivants) et 1er sur la cinquantaine de français en lice. A noter qu’il y avait aussi 12 athlètes « élite pros » devant moi qui figurent dans un classement spécial Elites, un kényan naturalisé canadien l'emporte en 2h16, loin devant moi.
Toutes ces émotions valaient bien un après-midi relax sur Lincoln Road et South Beach !
Un grand merci pour les soutiens et en particulier à la Team Gravelines Trail, à Richard Wasiak et Zélite, à mon osthéo Franck Gaeremynck et bien sur à mes amis et ma famille. La suite de la saison devrait d’abord être plus classique avec les trails régionaux, l’Ardennes Méga Trail, le TCO et peut être un Ultra sous le soleil africain en décembre.
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