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Yes, je me suis fait la doyenne !

  • Photo du rédacteur: Christophe
    Christophe
  • 19 déc. 2021
  • 7 min de lecture

SaintéLyon, 27 novembre 2021, 78km, 2400m+


Début novembre, la préparation pour la Transmartinique (130k) était bien lancée avec d’abord une succession de courses régionales à l’automne (Entre Dunes et Mer, Saint Tricat, Boucles de l’Aa, Grand Trail Nocturne des Hauts-de-France) et un gros bloc endurance de 120k en 4 jours.

Sauf que le soir même où j’achevais ce bloc, j’apprenais l’annulation de la Transmartinique pour cause de couvre-feu toujours en vigueur ... Sauf que moi j’ai les crocs et surtout besoin d’un palliatif pour que cette préparation ne soit pas inutile… Le programme des ultras étant réduit à peau de chagrin en cette fin d’année, je m’inscris sans hésitation sur une course mythique lancée en 1952 et qui m’a toujours trotté dans la tête : la SaintéLyon. Avec 78km pour 2400m de dénivelé positif c’est bien moins que la Transmartinique mais cette course est tellement atypique que j’avais hâte de m’y frotter. Très relevée, elle est réputée pour ses conditions très aléatoires. Bref, c’est un peu le Paris-Roubaix du trail et j’aurai l’occasion de le vérifier.

C’est d’ailleurs la plus grande course nature de France et ça se confirme en 2021 avec quelques 15000 participants sur les différentes épreuves au programme. Saintétic, Saintésprint, Saintexpress, Saintélyon, LyonSaintéLyon… Il y en avait pour tous mes goûts. La LyonSaintéLyon(2e édition) m’avait bien titillé mais le concept est tellement étrange que j’ai préféré resté concentré sur la mythique SaintéLyon.

Dès le retrait des dossards dans la Halle Tony Garnier de Lyon, on ressent la puissance du mythe. Tout est XXL a commencé par le salon du running où s’activent les marques et les organisations pour séduire. Attention quand même à ne pas oublier de s’acquitter du ticket navette-bus avant de récupérer le fameux dossard. Que dis-je, le fameux chasuble tellement atypique qui semble plutôt adapté à la pratique du ski mais qui fait clairement partie du mythe. Ah oui, j’oubliais il est super « relou » en course car il doit être porté au-dessus de tout. Enfin presque car la plupart des coureurs (dont moi) le mettent sous le sac d’hydratation pour pouvoir boire à leur guise. Par contre, ce n’est pas du tout pratique quand il s’agit d’ouvrir ou de refermer la veste…


Passons ces considérations pratiques. En milieu d’après-midi, je retrouve Benoit qui est déjà en train de se changer. Au-delà de notre amitié, nous sommes souvent dans les mêmes eaux en course. Benoit m’avait gentiment déposé à la Chouffe cet été et là, il vient de faire une performance sur le 110km de la Franco-Suisse (Ultra Trail des Montagnes du Jura) qu’il a terminé en 32e position et surtout remporté en catégorie M3 en 17h08. Ben est tellement chaud qu’il pense partir sur l’option short même si la météo annonce de la neige et de la pluie toute la nuit et des températures la plupart du temps négatives.


Nous grimpons dans la première navette disponible histoire de pouvoir nous reposer un peu sur Saint-Etienne avant le départ prévu à 23h30. Il y a seulement quelques hectomètres entre la sortie du bus climatisé et la salle mais nous comprenons vite que la nuit ne va pas être super glamour côté thermomètre. Le froid nous glace instantanément et il n’est que 17h30.

Vite à l’intérieur, nous nous aménageons un petit campement. Je ne suis pas mécontent d’avoir emmené un tapis de mousse. On ne dort pas mais on se repose paisiblement. Tout en faisant la queue pour la Pasta Party, je retrouve la Priscillia, Thomas et Mathieu, des coureurs d’Unirun. On échange et Thomas, qui a déjà participé, me fait part de son expérience quant au profil du parcours.

On ne fait pas semblant sur la Pasta Party avant de nous allonger encore quelques instants. La salle commence à être bondée et l’effervescence se fait sentir. Alors que dehors la neige fait une première apparition, Benoît se ravise sur l’option short. Pour moi, comme prévu ce sera corsaire et manchon de compression. On se pose beaucoup de questions sur le nombre de couches et les vivres à embarquer et on préfère assurer le coup (même si au final on se contentera du minimum et on en aura pris beaucoup trop).


Nous avons la chance d’avoir un bracelet pour l’accès au SAS Performance grâce à notre côte ITRA, mais c’est quand même la lutte pour se faire une place et y accéder. En vieux briscards nous nous faisons une place et on se retrouve quand même super bien situés sur la ligne pas bien loin des élites. Il nous reste quinze minutes à attendre dehors mais l’excitation et la chaleur humaine nous tiennent chaud.



Le speaker fait monter la température d’un cran et le spectacle devient magique quand d’énormes flocons font leur apparition dans l’ultime minute avant le start !

5, 4, 3, 2, 1, Top ! le départ de la première vague est donné. Le tableau est superbe, sauf que ça bouscule pas mal et qu’en quelques mètres je ne parviens plus à voir Benoit. Je ne sais pas s’il est devant ou derrière. Je ralentis mais je ne l’aperçois pas. Par contre, je vois un pauvre concurrent qui perd sa frontale qui vient exploser au sol en mille morceaux. J’espère qu’il a prévu une rechange… Je me concentre sur les trajectoires et j’essaie de ne pas m’enflammer car la route est longue.


Les premiers kilomètres sont fascinants alors que la neige continue de nous accompagner. Il faut être concentré pour éviter les glissades mais le balais de frontales (5000 participants) est majestueux dans la nuit. Etonnamment il y a pas mal de spectateurs sur le bord des routes et ça réchauffe l’atmosphère. Je pense avoir trouvé un certain équilibre en matière d’allure, je savoure sans chômer et j’arrive frais au premier ravito de Saint-Christo-en-Jarez (18e km). Je remplis mes flasques tant bien que mal car l’eau des robinets est gelée et les bénévoles nous amènent in-extremis des bouteilles. J’enfile une compote « cul-sec », j’embarque deux morceaux de banane et me voilà reparti dans la nuit noire. Je me sens bien. Je n’ai pas de douleur particulière alors je savoure au maximum.


Après avoir été dans le bon tempo, j’ai l’impression de marquer le pas sur le plan énergétique vers le 26e km. Plusieurs coureurs que j’avais doublé me reprennent et dépose. J’avais retardé la prise de mon premier gel pour éviter de trop de jouer avec mon estomac mais je n’ai plus le choix. Gobage immédiat d’un petit Gel Gu Cherry-Lime, un délice !

Comme par miracle, l’effet se fait ressentir très vite et je me remets dans une bonne dynamique de course. Ce n’est pas plus mal car nous attaquons les zones les plus exposées et les plus hautes. Le blizzard souffle. C'est fascinant et le mot d'ordre c'est vraiment de toujours être en action pour maintenir la température corporelle. Dehors, il fait -8C en ressenti ce n’est pas glamour mais au final ça passe bien pour moi qui aime ce genre de conditions alors que certains calent. Le petit hic c’est que l’eau glaciale ce n’est vraiment pas super pour le ventre et ça commence déjà tirailler. J’ai le quadriceps droit qui commence à tirer plus que de normale mais j’arrive sur un super rythme au ravito du 32e kilomètre à Sainte-Catherine. Full confiance. Sauf que cette mini halte le temps d’embarquer du thé chaud pour éviter les crampes d’estomac et de manger une compote me casse un peu les jambes. Le thé ne passe vraiment et la relance est d’abord délicate. Je perds une quinzaine de places avant de retrouver un bon rythme.


La bonus c’est l’apparition de plaques de verglas et il faut vraiment rester concentré malgré l’heure tardive. Je suis parfois limite mais j’ai privilégié l’accroche donc ça passe alors que j’aperçois des coureurs se prendre belles boites. Pas de bobo pour eux mais généralement ils mettent du temps à s’en remettre et perdent confiance en leurs appuis.

Sans m’en rendre compte nous passons le Signal de Saint-André, point culminant du parcours au 42e kilomètre. Très vite nous déboulons, au ravitaillement du 45e. Vite fait, bien fait. La densité sur cette course est folle, chaque arrêt pipi c’est minimum dix places de perdues. Personne ne traîne. Nous sommes dans le dernier tiers plus roulant sur le profil sauf que ces dernières portions cassent vraiment les jambes.

Entre chemins et bitume, ça fait des dégâts musculairement. Je serre les fesses en positivant tout ce que je peux. La neige a laissé la place à la pluie et plus la course avance, plus je dois encaisser. La douleur toujours plus forte au quadri engendre un déficit de vitesse inhabituel pour moi qui ait normalement une bonne vitesse de base quand ça déroule. Frustré mais pas coulé, le mental prend le relais. J’ai vu mon grand-père souffrir sans jamais se plaindre ces dernières semaines avant de nous quitter alors je relativise ces douleurs futiles. Si je suis là, c’est d’ailleurs grâce à lui qui m’a donné le goût de la course et de la nature.

Les deux derniers ravitaillements sont de vrais pièges. Alors qu’il tombe une pluie glaciale, ils se trouvent à l’abri et notamment celui de Chaponost (64e) qui est dans une salle de sport chauffée. Tu rêves de squatter un moment mais si tu te laisses envouter par le chant des sirènes, clairement tu es mal. Je suis rincé, il ne reste pas grand-chose mais la fatigue est là et je perds pas mal de places. Je dois vraiment positiver tout ce qui peut l’être pour continuer d’avancer et je serre les dents. Le jour se lève alors que nous arrivons dans les ultimes kilomètres. Clairement, sur cette fin de parcours, le paysage est moche et même doublement moche avec ces conditions météorologiques mais ça je le savais d’avance. A 5km de la Halle Tony Garnier, je ne suis pas mécontent de me retrouver au pied du dernier gros pétard de la course. Une grosse montée à + de 15% tout en bitume. Les écarts se neutralisent à l’exception d’un coureur qui arrive dans le normal et qui courre comme une princesse… Cette portion très urbaine n’est vraiment pas belle mais elle a le mérite de faire ressentir l’approche de l’arrivée. On se retrouve vite le long du Rhône pour les deux derniers kilomètres. Rincé mais heureux je les savoure en pensant à mon grand-père. A tout ce que je lui dois. Cette course, elle est pour lui. Ca y est 9h09 après être parti de Saint-Etienne, la ligne d’arrivée est passée à Lyon ! Le mythe est coché dans la to do list.

Benoit finalement était finalement pas très loin derrière et il a fait quasiment la même course que moi en parallèle. Les mêmes temps forts, les mêmes temps faibles et les mêmes soucis de ventre avec cette eau glacée. Pour situer le niveau de cette dinguerie, je termine 375eet lui 624e à peine 30mn plus tard sur quelques 5000 partants.

Priscilla, Thomas, Mathieu, Renaud, Xavier les connaissances chtis engagées sont toutes venues à bout du mythe comme quoi dans les Hauts-de-France ont maitrise les courses bien ardues.

 
 
 

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