Marathon de Salon : La tête dans les nuages, les pieds sur le bitume…
- Christophe
- 28 oct. 2019
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 oct. 2019
Marathon de Salon de Provence, 13.10.2019
Organisé pour la première fois en 2016 pour être unique, le Marathon de Salon de Provence était de nouveau au calendrier cette année pour une ultime édition et avec l'exceptionnelle partenariat de la Patrouille de France.
Ce n’était pas prévu au programme mais la participation d’Elise, Tiphaine et Lynda conjuguée à une météo nordiste déprimante m’ont convaincu des bienfaits d'un week-end express en Provence.
Programmé un mois après les 62km du Trail de la Côte d’Opale et 3 semaines après le Swim Run de l'Aa, autant dire que pour la prépa spécifique on repassera. J’ai simplement remis un peu de rythme durant quinze jours histoire de ne pas être trop à la ramasse en termes d’allures.

Après une semaine bien dense professionnellement, il y a plus agréable que le réveil à 3h du matin un samedi. Direction donc l’aéroport de Lesquin pour mettre le cap sur Marseille, via Air France, puis Salon de Provence. Au passage, merci à Hertz pour le surclassement en Q5 même si j’avoue que ma conduite de la boîte auto a donné quelques sueurs froides à mes passagères.
Le retrait des dossards se déroulent en centre-ville, place Morgan. Le t-shirt souvenir de l’événement est joli et on en profite pour prendre quelques photos souvenirs tout en bavant sur la médaille de finisher ; à moins que ce ne soit, pour les filles, sur les pilotes de la Patrouille de France.

La suite de la journée se passe tout en douceur entre repas, sieste et préparation de la tenue malgré un mal de crane récalcitrant. Chose rare, je passe une bonne nuit et j’ai l’impression de me réveiller en pleine forme. Sauf qu’au moment de tourner la tête ça coince. Et bim un torticolis à deux heures du départ… C’était trop beau… Riposte immédiate : deux patchs de baume du tigre et un massage de mon cousin David à la crème chauffante et la douleur ne se réveillera qu'après la course. Au top de la logistique, David nous dépose avec Tiphaine à proximité du départ (Elise et Lynda sont sur le semi-marathon et partent de Lançon de Provence). Nous ne sommes pas stressés mais le chrono tourne. A peine le temps de déposer les consignes, de gérer les derniers impondérables et il déjà temps de rentrer dans les sas, non sans se souhaiter bonne chance.

Et là, quel confort ! le sas « élites » devant ne compte qu’une trentaine d’athlètes tandis que le sas « - de 3h45 », dans lequel je suis, est plus garni mais personne ne se presse en première ligne. J’en profite pour m’échauffer un peu car même s’il fait 21C , il vaut mieux préparer un minimum le corps à l’effort.
Le tourbillon des émotions se met en place. A 10mn du départ, un pilote de la patrouille de France nous encourage en direct de son alphajet. Au micro, l’excellent Dominique Chauvelier, légende tricolore du marathon, fait monter la température et lance une "Ola". Une marseillaise s’annonce timidement et elle est aussitôt reprise en chœur par de nombreux coureurs ; ça prend les tripes. Les séparations des sas sont enlevées et je me trouve très bien placé à quelques secondes du départ. Le speaker annonce, l’arrivée imminente de la Patrouille de France qui donne le départ symbolique du Marathon. Les yeux des 1600 participants sont rivés vers le ciel. La magie opère alors que la Patrouille passe en rase motte au-dessus de nos yeux. Quel tableau magnifique ! J’ai rarement vu un départ si bien orchestré et pourtant j’en ai vu... A peine le temps de savourer que le départ réel est lancé. Après quelques hectomètres la Patrouille de France repasse nous saluer. C’est beau…
Bon ce n’est pas tout mais il y a quand même 42km195m au menu. Comme toujours, les premiers kilomètres ne sont pas faciles à gérer car il faut se caler sur la bonne allure, chose plutôt complexe avec les up and down du parcours. J’oublie un peu la montre pour me fier aux sensations et finalement je me cale autour de 4mn au kilomètre. Un coureur me demande le chrono que je vise, je lui réponds que je n’ai pas de cible mais que je cours le marathon entre 2h54 et 3h03. Il me dit qu’il pense que je vais trop vite car lui vise 2h48. J’acquiesce car je sais qu’il a raison sur le fond mais je sais aussi que le premier semi est un faux plat descendant. Je profite donc de la relative « fraîcheur » car le thermomètre grimpe vite et nous ne sommes pas encore trop exposés au soleil.
Je passe au 10e km à Salon de Provence en 40’14 et j’ai surtout le plaisir d’apercevoir Cyril, David et de faire un check aux enfants en haut d’un faux plat montant. Je suis en 25e position et ça booste grave. Alors que les rayons du soleil commencent à frapper de plus en plus, nous entrons dans la base militaire aérienne 701 de Salon, non sans un contrôle visuel de nos dossards. Il faut savoir que l’identité de chaque coureur est contrôlée par l’armée de l’air avant l’épreuve. Cette portion est assez fascinante et tous les 100m un militaire est posté pour, à la fois, nous encourager mais aussi vérifier que nous restons sur le parcours. Si je connais bien quelques contrevenants (que je ne dénoncerai pas même sous la torture), il est d’ailleurs interdit de prendre des photos sur cette zone.
Il s’en suit d’une portion pas franchement roulante en gravier et chemins herbeux qui nous amènent au 20e km. En regardant le profil du parcours, j’avais cru comprendre que cette partie serait décisive avec cinq kilomètres d’ascension dont deux jolis casse-pattes. Le début de la montée est terrible et ralenti littéralement le rythme, j’en profite pour avaler mon premier gel. Jusque-là je me contentais de bananes. Les 3000 concurrents du semi-marathon nous encouragent et j’aperçois Elise et Lynda alors qu’un triathlète de Vitrolles, le club de mon pote Vincent, vient de me doubler. Je m’accroche mais nous perdons près de 20s par kilomètre. Bien heureux de basculer au 26e je n’oublie pas de manger et de m’hydrater dès que possible. Il s’en suit de 5 kilomètres rapides, descendants et très jolis à travers les champs d’oliviers. Il fait maintenant près de 28C sous le cagnard provençal; c’est étouffant mais les jambes sont là et je reprends 4 places dont le triathlète vitrollais et le coureur qui visait 2h48, à la dérive, pris de crampes.

Tout baigne et c’est grisant sauf qu’au 32e km nous rentrons de nouveau sur la base militaire 701. Et là c’est une toute autre histoire surtout sur la terrible ligne droite de la piste de décollage. Nous avons le vent de face et le bitume nous renvoie la chaleur au visage. Ma remontée s’est enrayée et un groupe de trois coureurs me laisse sur place. Sans préparation « Marathon » je savais que la fin de course serait compliquée et je serre les dents. Le problème c’est que les 7 derniers kilomètres sont ascendants (à l’exception du 38e) et qu’à ce moment de la course ça pique. Ça n'a aucune importance en réalité mais je vais m'accrocher à l'objectif symbolique de tout faire pour valider ce 4e marathon sous les 3h. Un rapide calcul et je me rends compte qu’il va falloir sortir de la zone de confort . Qui plus est, quand je me rends compte que je me base sur 42km alors qu’il y a ces fameux 195m de bonus…

Côté style, ça ne ressemble plus à grand-chose mais je préserve l’essentiel et je ne me fais plus doubler. Si ce n’est qu’à 400m de l’arrivée, un coureur déboule sur moi à toute vitesse. C’est le meneur d’allure des 3h qui me dit «je suis le meneur d’allure des 3h, je suis seul alors je suis venu t’aider, vas-y, c’est bon tu as 20s d’avance ». Ça fait du bien au moral. Je serre les dents et ça passe finalement en 2h59mn42 en 24e position, 9e master (oui, oui 1h00mn02s de + que Kipchoge). Le meneur d’allure finit frais comme un gardon en slalomant avec le sourire… Le vainqueur kényan l’emporte loin devant en 2h21. Un autre monde.

Se faire plaisir c’est top mais lorsqu’en plus tout le monde parvient à réaliser ses objectifs ça l’est d’autant plus. C’est donc tout sourire que nous avons, tous les quatre, rempli notre contrat et ramené la médaille à la maison ! Bravo les filles !
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